La Seagull est le doux nom de la "petite derniére" que nous a mijoté Jean-Louis Darlet.

L'idée a semble-t-il germé suite à la "Blorenge party" de l'été 2000, fête du Vol Libre qui se déroule chaque année dans le pays de Galles et où quelques aspicots (honorables membre de l'AsPiC, Association des Pilotes de Cage) s'étaient rendus. Le vent fort (et régulier) rencontré sur place a limité les possibilités de vol, bien que quelques Lagon ait pu faire quelques démonstrations en vol alors que les parapentes restaient au sol.

Jean-Louis a voulu concevoir une aile plus rapide pour les sites ventés, tout en conservant la simplicité de la Lagon.

Le résultat semble avoir dépassé ce simple cahier des charges lorsque l'on lit le compte-rendu (reproduit ci-dessous) fait par Olivier Gronostaj (dit "le gronostagiaire"), heureux propriétaire du numéro 0 de cette nouvelle série d'aile.

Pour la petite histoire, un grand mystère aura régné autour du nom de cette nouvelle aile. La Seagull aura eu plusieurs noms de code... Welch (référence au pays de Galles), Falcon (nom de son profil aérodynamique) et même "petite derniére" voire "Pu..cong", mais là, c'est trop difficile à expliquer. Certains parlaient même d'une "Piton", ou d'une "Laradigme".

Seagull (Mouette) est peut-être un clin d'oeil de Jean-Louis à Gérard Thévenot (La Mouette).

Sa robe est quasi unie, avec un bord de fuite et un intrados blanc. On retrouve une conception avec une nervure porteuse sur deux et un intrados en "dent de scie", proche de celui de la Lagon.

Alors cette Seagull, que donne-t-elle ?

Copie du message (en 3 parties) d'Olivier Gronostaj envoyé sur le Forum AsPiC...

La sortie d'une nouvelle voile est toujours un événement, à fortiori quand celle ci correspond à une demande forte de ses pilotes potentiels.

J'ai la chance de détenir depuis quelques temps le numéro zéro de la Seagull, nouvelle voile intermédiaire sortie des ateliers de JLD-Cage, et qui en seulement quelques heures de vol cumulées, m'a déjà apportéénormément de plaisir. Je ne vais donc pas résister à la tentation, et aux demandes pressantes, plus longtemps, et m'en vais vous livrer mes réflexions et impressions sur une voile qui sera sans doute un "best-seller" de l'année chez les cagistes.

Entre Lagon, voile de début et de progression, et Paradigme, voile de performance, il est clair qu'il existait jusqu'alors un créneau en matiérede rapport performance/facilité qui n'était pas occupé. De nombreux pilotes de Lagon, aprés avoir découvert l'activité et y avoir suffisamment progressé, ne se sentaient pas prés à faire le pas vers la Paradigme, mais pourtant souhaitaient évoluer vers une voile présentant des performances en matiére de vitesse et finesse plus élevées. C'est spécifiquement pour eux que la Seagull a été crée.

Véritable voile intermédiaire, son cahier des charges était axé sur les critéres de finesse et vitesse, sans sacrifice à la facilité de mise en oeuvre connue par tous les pilotes de Lagon. Force est de reconnaître aprés une prise en main rapide et facile que l'objectif semble bien avoir été atteint, voire dépassé !

Dans la mise en oeuvre, d'abord : sa facilité ne déconcertera pas les actuels pilotes de Lagon, qui retrouveront facilement leurs automatismes. Par vent nul, les décollages delta sont quasiment inratables. La voile écope bien et monte d'un bloc. Si par malheur votre préparation au sol a été imparfaite, il n'y a aucune tendance à la "crevette", et en cas de besoin la correction se montre efficace. C'est simple, je pense qu'avec cette voile, nous aurons peut être le plaisir de voir Dany'Aile décoller sans vent, c'est tout dire ! ;-))

Dés le moment ou les conditions le permettent, les décos dynamiques ou en marche arriére sont de simples formalité, pour peu que le geste technique soit bon. Par rapport à une Lagon, dans ces conditions, la seule différence réside dans une légére tendance de la voile à accélérer sur la derniére partie de la course, qu'il suffit simplement de maîtriser avec une action à cabrer efficace, sous peine de renouer avec la "frontale du débutant", que tous les pilotes de Lagon ont connu aux premiéres heures de leur apprentissage.

Quelques pas, une prise en charge rapide, et nous voilà en l'air pour découvrir les sensations qu'elle nous procure en vol ...

Nous voilà donc en l'air avec la Seagull. La première chose que l'on remarque, c'est qu'elle plane bien, voire très bien. Pas besoin d'être devin pour réaliser que l'augmentation de finesse par rapport à une Lagon va être sensible. En vol droit, mains légères sur les lyres, la voile communique le relief aérologique sans pour autant dévier de son cap. Dans cette phase de vol, il n'existe pas de différence notable de sensations par rapport à une Lagon. Par contre, dès que l'on se met à tirer (piquer)... woufff, ça décoiffe ! La voile plonge à peine, et adopte un nouveau régime de vol. La réponse à l'accélération est très franche, et les vitesses obtenus semblent être très supérieures à celles de Lagon. A vrai dire, on dirait même presque que la voile ne demande qu'à être accélérée, et très vite, on ne s'en prive pas ! Je n'ai pas réussi à obtenir de frontale sans geste radical, ce qui prouve que l'on garde de toute évidence une excellente marge de sécurité dans cette configuration accélérée.

Mais ce n'est pas tout de voler droit, puisque le plaisir de la Cage, c'est aussi et surtout la glisse des grandes et petites courbes. A la première mise en virage aux petites inclinaisons, on est surpris par deux choses. La première, c'est une certaine tendance à cabrer naturellement, qui fait que le virage se cadence presque tout seul ... le virage qui "plonge" dès la mise en roulis si on ne cadence pas, que l'on connait sur Lagon, n'est plus à l'odre du jour (je précise : "aux petites inclinaisons"). Ce n'est pas pour autant que le pilotage automatique doit être branché, puisque il faut quand même penser à cadencer dès que le virage s'affirme un peu. Ce qui m'amène à la seconde constatation : il existe une petite impression de lourdeur sur les deux ou trois premiers virages que l'on initie. Puis on se rend compte d'une part que cela vient des bouts d'aile nettement plus puissants que sur Lagon, et d'autre part d'un moment pendulaire différent lui aussi. Résultat : il faut découvrir le "rythme" de cette voile, comme on découvre celui d'une Lagon, et y caler son pilotage. Ceci fait (cela va vous prendre de quelques minutes à quelques dizaines de minutes), on retrouve une voile légère à la mise en roulis, qui est un véritable régal en vol dynamique. Dans le zig du zag, les virages passent sans effort, on accompagne le mouvement par un beau cadencement, et wouuufffff, ça glisse comme sur un parquet ciré ;-))

Si il vous vient l'envie d'appuyer un peu plus le roulis, c'est la puissance de la voile qui va s'affirmer, et il conviendra de doser correctement ses gestes. Précédé d'une belle prise de vitesse, un virage "sur la tranche" en pivotant autour du stabilo montre que le potentiel est bel est bien là, et de demande qu'à s'exprimer. D'ailleurs, si il vous vient l'idée de cabrer dans la survitesse, la ressource qui suit est là pour vous le rappeler. Avec un peu d'expérience, de grandes perspectives s'ouvent alors au pilote, dont je n'ai pas encore fait le tour, loin de là.

Même en poussant un peu dans ce type de pilotage, je n'ai pas essuyé une seule fermeture inquiétante, tout au plus quelques froissements de bouts d'aile au début, le temps de trouver la bonne incidence à donner. Cela tend à prouver que cette voile est bel et bien solide, et quelle pourra être mise entre les mains de tous les pilotes "dégrossis" au préalable sur Lagon. Bien entendu, cela reste toutefois une voilure souple, qui heureusement va pouvoir fermer, pour réouvrir. En quelques heures, je n'ai essuyé qu'une seule fermeture importante, dans un vol dynamique par vent fort, doublé d'un gradient pour le moins musclé, dans lequel je n'aurai d'ailleurs pas du rentrer... Le contre à appliquer se fait par réflexe, toujours naturellement, et la réouverture est rapide depuis le centre de l'aile. Je n'ai pas pu tâter du vol thermique, me contentant d'enrouler du -0,3 m/s dans les Vosges jeudi dernier. Vivement le printemps !

Allez, je termine de vous parler de mes impressions de vol, et je vous livre quelques réflexions générales. Après que nous ayons fait ensemble une petite découverte du domaine de vol "normal", la question suivante est bien entendu de savoir ce qui se passe aux limites.

A ce jour, je n'ai pas eu l'occasion de cerner tout le comportement de Seagull dans ces conditions, l'environnement sécurisé manquant à proximité de chez moi. Je me suis donc contenté d'aller flirter avec les limites, sans toutefois les dépasser. Sur tous les axes, la première chose à noter est la présence d'un rappel au neutre qui sera extrêmement rassurant pour tous ceux qui doutent encore de leur pilotage. Je pense qu'on a abouti là un un compromis entre maniabilité et sécurité tout à fait acceptable.

Si on cherche à aller à la frontale, on constate ... que c'est quasiment impossible en vol droit et en air calme, sauf à engager une manoeuvre radicale !. C'est à dire que même piqué quasiment au maximum de l'amplitude des bras, il m'a été extrêmement difficile de provoquer une fermeture du bord d'attaque. Bien entendu, cela venait un peu de mon implantation d'origine, et le cocon un peu remonté par rapport au maillon, la frontale redevient possible dans l'amplitude d'action. Mais bon sang, qu'elle est loin !

Je pense que c'est là un gage de solidité du bord d'attaque dans des conditions "limites". Je n'ai pas osé provoquer de fermeture frontale massive, me contentant du frémissement annonciateur et du mollissement de la commande. A ma décharge, les vitesses qui sont atteintes alors, piqué à fond, sont telles qu'elles sont dissuasives. Dans le domaine des basses vitesses, j'ai simplement été jusqu'à ressentir le mollissement, et le départ de la voile en arrière (qui d'ailleurs est sans doute plus l'avancée du pilote que le recul de la voile). Rien de spécial à en dire, si ce n'est que les signes annonciateurs sont moins criants que sous Lagon. Ils existent bel et bien, mais là ou Lagon annonce qu'elle va décrocher, et ne le fait que si on insiste lourdement, le comportement est là plus net : elle dit qu'elle décroche, et on sent une amorce rapide si on intervient pas.

Ceci dit, il est intéressant de constater qu'un pilotage adapté fait tout rentrer dans l'ordre quasiment immédiatement, et que l'abattée qui suit, pour être vigoureuse, n'est pas monstrueuse pour autant. Elle demande à être contrée énergiquement et rapidement, et à cette condition est parfaitement maîtrisables par un pilote normalement formé et entraîné.

Je conseillerai simplement aux futurs pilotes de Seagull de respecter les consignes qui ont été données ... lors de leur passage sous Lagon ! Ne pas se pendre aux lyres, éviter de ralentir inutilement la voile, rester à l'écoute de son aéronef, .... A mon sens, sous ces conditions, la marge de sécurité qui leur est offerte avec Seagull est parfaitement acceptable pour un pilote de loisir, ou "voleur du dimanche" comme certains aiment à se désigner.

La seule différence avec Lagon sur ce thème n'est pas dans la solidité, ni dans la capacité à s'adapter au relief aérologique, mais dans une plus grande "sécheresse" des réactions aux limites. Ceci dit, comme je l'ai déjà écrit par ailleurs à certains, si vous n'étiez pas aux limites sous Lagon, vous n'y serez pas plus sous Seagull !

Mais il est maintenant temps de se poser, ce qui nous permettra de vérifier le comportement de cette voile dans cette dernière phase du vol.

Première constatation, si on choisit une approche tangentielle, c'est que la voile ne veut pas décrocher ... elle continue donc à planer au fur et à mesure que l'on tire doucement sur les lyres, avec un sol de plus en plus près. Je pense donc qu'il conviendra d'éviter cela, surtout dans des vaches improbables. En effet, pour un peu que l'on ai alors mal jugé de la direction du vent à l'atterro, et que l'on se retrouve de cul, il faudra alors choisir si on veut poser de cette façon un long terrain, des capacités au 100 mètres du domaine de la performance olympique, ou alors plus simplement le posé "glissé", cher à certains.

Je pense donc qu'il faudra s'en tenir à une approche correcte avec prise de vitesse, suivie d'un arrondi et d'un poussé franc. Attention alors à soigner cette dernière phase, et surtout à la placer au seul moment opportun : la ressource aura tôt fait de vous remonter de quelques mètres si vous n'y prenez pas garde !

En résumé sur l'atterrissage : facile, mais demande à être précis. Eh oui, une voile plus performante et plus puissante demande un peu plus de soin dans le pilotage si on souhaite qu'il soit propre et efficace !

Voilà, je crois que vous savez maintenant beaucoup de choses sur Seagull. Si je devais lui définir un terrain de jeu privilégié, j'imaginerai aisément un endroit venté, un peu comme un bord de mer. La voile doit alors faire merveille, à mon avis.

Olivier

PS : si c'est la fin de cet "essai", je suis certain que ce n'est que ledébut pour Seagull ...

Pour terminer, sachez que la Seagull existe en plusieurs tailles, à titre tout a fait indicatif les fourchettes de poids sont:

Au niveau des coloris, sont prévus... Rouge (chouette), Jaune, Purple, Orange, Bleu et Vert...

Pour moi ce sera une 34m2 (vu qu'elle va jusqu'à Cricrix Kg) et en rouge SVP, pour ne pas avoir à changer ma garde-robe...

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Page mise à jour le 15 Février 2001 par CQ